dimanche 22 avril 2018

Livre d'or, drapeaux et képi de la Société Générale

Notre article précédent sur la Société générale des étudiants, première association étudiante ulbiste visant à regrouper des étudiants de l'ensemble des facultés, se basait essentiellement sur des coupures de presse généraliste et estudiantine. Or, les Archives de l'ULB nous ont permit de retrouver d'autres documents et informations qui nous en apprennent plus sur cette société du XIXème siècle.

Le Livre d'or de la SGE

Tout d'abord, remarquons ce magnifique "Livre d'or":
 
Livre d'Or de la SGE
Archives et Bibliothèques de l'ULB

Celui-ci contient, rédigé de manière manuscrite et magnifiquement calligraphiée, la liste de l'ensemble des administrateurs et membres de 1870 à 1880. Le comité fondateur est nommé "Comité organisateur" et le suivant "Commission administrative". Voici la liste des présidents que nous en avons tirée:

Comité organisateur: Léopold Fagnart
Commission administrative:
1870-71 : Léon Lavergne 
1871-72 : Léopold Fagnart 
1872-73 : Ferdinand Coenraets 
1873-74 : Jules* De Becker (jusqu'au 19/3) puis Alfred* Bricoult

1874-75 : Adelon Lepoivre 
1875-76 : Gheude JB (démissionne le 28/3) puis Emile Vanlangebore 
1876-77 : Léon Lepage 
1877-77 : Léon Lepage (jusque 6/10). A partir du 17/10, Eugène Parys 
1878-79 : Louis Leroy 
1879-80 : Edouard Sadin
1880-81 : Léon Furnémont

(A noter qu'on n'y retrouve pas le dénommé Ch. Macintosh que nous avions signalé à la présidence en 1879. * indique que le prénom a été complété via les recueils de PV - voir plus loin à ce propos)

Carte de souscripteur de 1880

Voici une carte de souscripteur émise au nom de "Mr Van Campenhout" en 1880 à l'occasion des "grandes fêtes universitaires que la SGE organisa pour le cinquantenaire de la Belgique et dont nous avons parlé dans notre article précédent.

On y remarquera outre Saint-Michel terrassant le dragon représentant Bruxelles, les symboles suivant : la balance pour le Droit, le bâton d'Asclépios pour la Médecine, le marteau-pioche-compas pour la Polytechnique et un caducée à deux serpents qui nous laisse un peu perplexe. Généralement, il est associé au commerce (Caducée d'Hermès) mais l’École Solvay ne fut fondée qu'en 1904. Peut être s'agit-il d'un caducée d'Hygie représentant l’École de Pharmacie mais il ne comporte généralement qu'un seul serpent.

Carte de souscripteur, SGE, 1880
Archives et Bibliothèques de l'ULB

Les livres des Procès-Verbaux de la SGE

Et maintenant vient le gros morceau constitué par deux énormes recueils regroupant PV's, courriers, statuts, prospectus...

Recueils des archives de la SGE, années 1870-80
Archives et Bibliothèques de l'ULB

Certains documents sont tapuscrits mais d'autres sont manuscrits et loin d'être toujours aisément déchiffrables. Voici quelques morceaux choisis. Tous les documents cités plus bas dans le texte figurent dans ces recueils.

Tout d'abord, voici l'ordre du jour appelant à la création de la SGE le 27 octobre 1870. On y notera la volonté de "ne provoquer [...] aucune manifestation politique", or nous avons vu que la société prendra rapidement une tournure libérale. A noter d'ailleurs qu'Emile Houzé qui y figure au rang des signataires se plaindra dans un courrier ne pas avoir été informé au préalable du texte et s'opposer à cette idée. Ce principe sera néanmoins repris dans les statuts publiés en 1871.


Ordre du jour appelant à la formation de la SGE, octobre 1870
Archives et Bibliothèques de l'ULB
Ensuite, voici le programme pour une soirée musicale organisée pour les étudiants le 4 mars 1871 ainsi que les cartons d'invitations pour celle-ci.

Programme de la soirée musicale du 4 mars 1871
Archives et Bibliothèques de l'ULB




Carton d'invitation pour la soirée musicale du 4 mars 1871

Archives et Bibliothèques de l'ULB
Pour continuer, des
cartes de membre pour les années 1871-72 et 1874-75 : 





A ce propos, le "rapport sur la situation administrative pendant l'exercice 1872-1873" daté du 4 décembre 1873 nous apprend qu'il y avait alors 195 membre effectifs et 15 honoraires, chiffres en augmentation par rapport à l'année précédente. 

L'inventaire des biens de la SGE établi par le bibliothécaire le 10 novembre 1879 comprends (parmi divers cachets, jeux de société et porte-journaux) deux drapeaux. Le premier est "en soie bleue avec l'inscription Université Libre de Bruxelles" et le deuxième "bicolore avec inscription Société Générale des Étudiants".

Pour finir, notons ce PV de réunion de 1875 qui nous intéresse pour son point 2: "Question du képi". Pour rappel, le "képi" porté par les étudiants avait joué un rôle central dans l'affaire de la procession perturbée fin mai 1875 dont nous avons parlée dans l'article précédent. Nous retrouvons donc ici ce terme pour désigner le couvre-chef des étudiants d'alors. Un képi est, pour rappel, une "coiffure semi-rigide, à fond plat, en drap, munie d’une visière, en usage dans certaines armées". Cette description correspond assez bien aux couvre-chefs arborés par les étudiants représentés sur la gravure de l'estaminet "Le Trou" de Leo von Elliot en 1863. L'origine militaire du terme tend à confirmer l'hypothèse de l'emprunt aux uniformes militaire de ce précurseur de la casquette estudiantine qu'on nommera au début du XXème siècle, la penne.


Ordre du jour de la réunion du 13 mai 1875
Archives et Bibliothèques de l'ULB