lundi 8 août 2016

Résistance : Passelecq et Thonon, étudiants wallons. Et la Maison des Carabins "Valère Passelecq"

Après la Seconde Guerre mondiale, le Cercle wallon de l'ULB et la Fédération des cercles régionaux wallons rendit hommage, chaque année, en juin, à Valère Passelecq et à Robert Thonon, deux résistants issus de leurs rangs "en raison du courage et du patriotisme dont avaient fait preuve ces anciens". La mère de Passelecq offrira d'ailleurs régulièrement un verre de l'amitié lors de cette cérémonie.

Louis Bastien, président de la Fédération des cercles wallons de l'ULB en 1956, nous a transmis deux clichés de l'hommage à Passelecq et Thonon pris vers 1955. Mais nous ne savons pas quand cette cérémonie annuelle a été lancée ni quand elle a été mise en sommeil.

Valère Passelecq

Valère Passelecq, né à Ixelles le 22embre actif du Cercle des étudiants wallons de l'ULB.

Lors de l'invasion allemande en mai 1940, il participe à la campagne des 18 jours. Refusant d'abandonner la lutte, il s'engage dans la Résistance. Il passe en Angleterre où il acquiert le grade de lieutenant parachutiste. Il est alors parachuté en Belgique le 28 février 1942.

Il rencontre Robert Thonon, camarade de Cercle, dont il partagera le combat puis la captivité à la suite d'une trahison. Il est décapité le 7 juin 1944 à Wolfenbüttel.

Une plaque apposée à la façade de son domicile au numéro 71 de la Rue Mercelis à Ixelles rappelle l'essentiel de ces faits.

Document transmis par Louis Bastien.
Taille originale 8,5cm x 5,5cm.


Hommage à Valère Passelecq, non daté, vers 1955,
avec les drapeaux du Cercle des étudiants wallons
et de la Fédération des cercles régionaux wallons.

Robert Thonon

Robert Thonon, né à Ixelles le 2 juin 1919, fut secrétaire du Cercle des étudiants wallons de l'ULB (1938-1939), puis secrétaire général de la même association.

Dès les débuts de la guerre, il entre dans la Résistance, dans le réseau Wallonie libre. Il héberge des clandestins et aménage des dépôts d'armes. Il rencontre Valère Passelecq, parachuté de Londres. Vendu par un traître en juillet 1942, il est emprisonné à Saint-Gilles et est décapité à la hache à Wolfenbüttel, le 7 juin 1944, avec son compagnon d'armes.

Une plaque, apposée sur son domicile (non situé), rappelle également le combat de cet Ancien.


Document transmis par Louis Bastien.
Taille originale 8,5cm x 5,5cm.


Hommage à Robert Thonon, non daté, années 1955,
avec les drapeaux du Cercle des étudiants wallons
et de la Fédération des cercles régionaux wallons.

Au centre, René de Falleur (chauve),
président de la Fédération des cercles régionaux wallons de 1950 à 1955.

Le Cercle wallon : francophone virulent, résistant et fédéraliste

Après s'être virulemment opposé en 1898 à la loi égalitaire Coremans-De Vriendt qui dispose que les lois seront votées et publiées en français et néerlandais, après avoir contesté en 1907 la flamandisation - légitime - de l'Université de Gand, le Cercle wallon tombe en léthargie.

Il se réveille en 1933. Le Cercle recommande le port de la faluche et se choisit le coq rouge comme insigne. A cette époque, l'opinion estudiantine est fortement sensibilisée à la cause de l'Espagne antifasciste et le Cercle rejoint ce mouvement. Il poursuit parallèlement son combat francophone : il adhère à l'importante Concentration wallonne (d'abord régionaliste puis fédéraliste) et participe à partir de 1937 aux pèlerinages à Waterloo.

À partir de 1939 les Etudiants wallons de l'ULB - qui comptent alors pas moins de 400 membres - manifestent contre la politique de neutralité, notamment en distribuant des tracts à la population. Le Cercle met sur pied en 1940 un Centre universitaire d'aide à la Croix-Rouge française et aux étudiants de France, administré par Valère Passelecq.

Lors de l'entrée en guerre de la Belgique, le Cercle s'engage dans la Résistance et le Groupe Hotton (fondé en 1940 par plusieurs étudiants et anciens de l'ULB, dont de nombreux wallons). Plusieurs membres le payent de leur vie.

À la Libération, le Cercle connaît un regain d'activité : il polémique avec les étudiants néerlandophones de Geen Taal, geen Vrijheid de l'ULB au sujet du dédoublement linguistique des cours - pourtant plus que justifié - et intervient lors de la Question royale (le retour en Belgique de Léopold III, à qui l'on reprochait entre autres d'avoir capitulé en mai 1940).

Le Cercle fera ensuite partie du Comité permanent du Congrès national wallon et se rallie au fédéralisme. Il entre alors en conflit avec la Fédération des cercles régionaux de l'ULB qui sera promise à un bel avenir tandis que le Cercle vit ses derniers moments d'existence.

La Maison Valère Passelecq pour les Carabins

Pierre J.ss.rt, Ancien de Médecine, nous signale également que de 1952 à 1959 (au moins), le Cercle de Médecine disposa d'une Maison des Carabins appelée Maison Valère Passelecq.

On peut ainsi lire dans l'Universitaire Médical de 1952 : "une Dame qui a déjà fait beaucoup pour les étudiants de l'U.L.B. (elle a ouvert à La Panne sa villa à tous ceux qui souhaitent y passer leurs vacances...), Madame Vve Passelecq a décidé de faire plus encore. Possédant une maison à deux pas de la Porte de Hal (rue de Moscou), elle a décidé de nous céder la jouissance du rez-de-chaussée pour y ouvrir ce local tant attendu."

Le C.M. nommera son local Maison Valère Passelecq, une autre façon de rendre hommage à cet Ancien.
Extrait de l'Universitaire Médical, 1952.
Document transmis par Pierre J.ss.rt.


Ce document provient
du Service Archives, Patrimoine et Collections spéciales de l'ULB.

50 avenue Franklin Roosevelt à 1050 Bruxelles.

Le Bruxelles Universitaire du 13 avril 1953 livre quelques précisions sur la Maison des Carabins mais - étonnamment - ne présente pas le rôle joué par Valère Passelecq pendant la guerre. On y apprend par contre que la Maison fut décoré par Jean Dratz et qu'un vitrail fut offert par le Grand Orient. Que sont devenus ces trésors ?




Extrait du Bruxelles Universitaire, 13 avril 1953.

Ce document provient
du Service Archives, Patrimoine et Collections spéciales de l'ULB.

50 avenue Franklin Roosevelt à 1050 Bruxelles.
 
Sources :
Reprises d'articles de l'Encyclopédie Wikipédia.
Chantal Kesteloot, Au nom de la Wallonie et de Bruxelles français : les origines du FDF, pp.114-115.
Encyclopédie du Mouvement wallon, Tome I (pp. 239–240) et Tome III (pp.1239 et 1532).
La Wallonie nouvelle 1940, numéro 1-2
Le livre d'or de la Résistance belge, publié par le Ministère de la Défense nationale, Bruxelles, p. 385
Universitaire Médical, 1952
http://www.cegesoma.be