mardi 5 janvier 2016

Les Macchabées, des visites à la discrétion

En 1920, Gand-Université publie la chronique d'une réception chez les Macchabées, qualifiés alors de "cercle". Deux ans après leur fondation, les Macchabées semblent accepter la présence de groupements universitaires (en l'occurrence les élèves ingénieurs de Gand) à leurs séances d'intronisation. Une attitude qui tranche avec la discrétion actuelle des Macchas et des autres Ordres. Si l'auteur est fidèle à la réalité, cette réception se déroulait manifestement autour de questions spirituelles.

Document aimablement transmis par le Poil Jan V.n d. V.l

En un an plus tard, les Macchabées sont également connus à l'Institut supérieur de Commerce d'Anvers. La plaquette éditée à l'occasion du Festival des 13 et 14 mai 1921 présente un Maccha en tête d'un cortège estudiantin, vêtu - en public - de sa toge et de sa cagoule et lesté du drapeau de son Cercle. Une chanson dédiée aux présidents des Cercles d'Anvers met d'ailleurs les Macchas sur le même pied que les associations locales.



Document aimablement transmis par B.n..t Bacchus P.nc.n.

Vingt ans après la fondation des Macchabées, l'atmosphère des intronisations a visiblement évolué vers la discrétion. Sous le titre "Mille et une Nuits chez ces Gens-là", Bruxelles Universitaire reproduit le "grand reportage" fictif d'un soi-disant Perri-Fizani, journaliste de Gringoire (magazine français nationaliste, antiparlementaire et antisémite). Sur le ton de l'humour, le B.U. dresse un tableau rapide d'une intronisation chez les Macchabées : dans une cave gardée secrète, treize étudiants togés et cagoulés questionnent un profane sur sa vie universitaire et ses opinions, tout en vidant amphores et autres bouteilles de la cave paternelle.

En toile de fond, derrière la gaudriole, on sent néanmoins la montée de la tension internationale. L'auteur fait plusieurs fois allusion à l'Italie fasciste, à Gringoire (revue fascisante) et au Pays réel (journal belge rexiste) mais aussi à la mobilisation des Macchabées (présenté - avec un humour à double détente - comme centre "judéo-marxiste" d' "action révolutionnaire").

Faut-il voir dans l'évolution des cérémonies de réception des Macchabées une conséquence de la crispation de la situation politique belge et internationale ? Ou un simple jeu estudiantin ? On se souviendra en tous cas qu'à l'approche de leur dixième anniversaire, en 1927, les Macchabées avaient organisé une vadrouille ouverte à tous dans les estaminets du Centre : la Mission Kluth et Boll. Si les Macchas ont volontairement opté pour plus de discrétion, celle-ci a - manifestement - pris place en moins de dix ans.