dimanche 8 décembre 2013

Un nouvel air pour "La Cuite" ?

La première édition des Fleurs du Mâle, publiée en 1922, nous offre "Les Petits chagrins", une petite chanson satirique de quatre couplets, signée L'Alambic.

C'est à la fois un hymne sans âge et la photographie d'une époque : les vers évoquent les interminables "séances" (comme on appelait alors les réunions de Cercle) mais aussi les Bals des Nébuleux, où l'on croisait manifestement plus de Poils que de Plumes. Cependant, cette chanson a sans doute écrite bien avant l'impression des premières Fleurs car les Nébuleux, nés en 1886, s'étaient déjà éteints peu après la Première guerre mondiale.

Selon les éditions des Fleurs, la chanson s'intitule "Les Petits chagrins" (en 1922), "J' préfère la Cuite" (en 1935 et 1946) ou "La Cuite" (aujourd'hui).

Elle a été écrite sur l'air des "Petits chagrins" de Paul Delmet. En choisissant cette mélodie mélancolique, l'auteur soulignait le caractère moqueur de son texte. Cet air très vogue à l'époque n'a malheureusement pas traversé le temps et la chanson estudiantine a disparu du répertoire des Cercles et des Guildes.

Nous proposons un nouvel air afin de ressusciter ces couplets. En attendant qu'un Camarade trouve mieux, nous proposons de reprendre l'air des couplets d'"Au trente-et-un du mois d'août" pour chanter "La Cuite". Cette adaptation ne nécessite qu'un déplacement de vers.

Version originale de "La Cuite"
Air : "Petit chagrin" (P. Delmet)
 
A Saint-Verhaeg’ , d’ les voir gueuler
Sauter, s’ gober, se démener,
Ca me dégoûte.
J’aim’ mieux maint’s pint’s aller siffler.
Moi, j’ suis un typ’ bien plus rangé.

J’ préfèr’ la cuite !

C'est comme au bal des Nébuleux,
On a à peine un’ femm’ pour deux !
Ca me dégoûte.
Au lieu d’ risquer de ramasser
Què’qu’chos’ que j’avais pas d’mandé.
J' préfère la cuite.

Aux séanc’s, v’là c’ qu’est mon dada,
Les autr’s discour’nt, qu’ ça n’ finit pas…
Ca me dégoûte.
Crier, gueuler et s’emmerder,
Somm’ tout’ pour n’en rien retirer…
J’ préfèr’ la cuite !

Y en qui bloqu’nt comm’ des cochons
Pour décrocher la distinction !
Ca me dégoûte.
Moi, j’ bûche aussi, ça c’est castar !
Seul’ment, j’ m’y prends toujours trop tard.
J’ préfèr’ la cuite !

Y en a qui font l’amour en rêv’
Ils bais’raient des lèvres sans trêv’s
Ca me dégoûte.
Moi, je n’ suis pas de c’t avis-là,
Pas d’606 pour gueul’s de bois. (1)
J’ préfèr’ la cuite !

(1) Le 606 est une médication antisyphilitique mise au point en 1910


Proposition de nouvelle version de "La Cuite"
Air : couplets d'"Au trente et un du mois d'août"
 
A Saint-Verhaeg’, d’ les voir gueuler (bis)
Sauter, s’ gober, se démener, (bis)
Ca me dégoût’. J’ préfèr’ la cuite !
J’aim’ mieux maint’s pint’s aller siffler.
Moi, j’ suis un typ’ bien plus rangé.


C’est comme au bal des Nébuleux, (bis)
On a à peine un’ femm’ pour deux ! (bis)
Ca me dégoût’. J’ préfèr’ la cuite,
Au lieu d’ risquer de ramasser
Què’qu’chos’ que j’avais pas d’mandé.

Aux séanc’s, v’là c’ qu’est mon dada, (bis)
Les autr’s discour’nt, qu’ ça n’ finit pas… (bis)
Ca me dégoût’. J’ préfèr’ la cuite !
Crier, gueuler et s’emmerder,
Somm’ tout’ pour n’en rien retirer…

Y en qui bloqu’nt comm’ des cochons (bis)
Pour décrocher la distinction ! (bis)
Ca me dégoût’. J’ préfèr’ la cuite !
Moi, j’ bûche aussi, ça c’est castar !
Seul’ment, j’ m’y prends toujours trop tard.

Y en a qui font l’amour en rêv’ (bis)

Ils bais’raient des lèvres sans trêv’s (bis)
Ca me dégoût’. J’ préfèr’ la cuite :
Moi, je n’ suis pas de c’t avis-là,
Pas d’606 pour gueul’s de bois. (1)

(1) Le 606 est une médication antisyphilitique mise au point en 1910.

En 1911, les faluchards de Lyon et leur char surmonté d'un lapin.
La bestiole (dont on connaît les talents) tient d'une patte un clystère
et de l'autre un drapeau frappé d'un 606
(du nom de la potion antisyphilitique conçue un an plus tôt).
Et l'éperon du char n'est autre qu'un clystère marqué du même 606.