lundi 3 septembre 2012

"Mane, Techel, Pharès"

Cette caricature de Clebs Fétide a été publiée en Une du Bruxelles Universitaire de décembre 1927. Il s'agit probablement du dessin de l'affiche annonçant la Saint-Verhaegen 1927, affiche qui fut enlevée sur ordre des autorités académiques parce qu'elles la jugeaient grivoise. (Lisez le compte-rendu de la Saint-Vé 1927)

La scène contient pas mal de détails. A minuit (comme l'indique l'horloge), des Poils s'enivrent et festoient avec des Plumes. A droite, un étudiant verse de la bière sur la tête d'un autre, sans doute celle d'un Bleu en train de se faire baptiser.

Au fond de la pièce, un esprit couché sur un nuage écrit "Mane, Thecel..." sur le mur. Clebs Fétide fait ici un clin d'oeil à la Bible et à l'un des plus vieux graffiti de l'histoire. D'après le Livre de Daniel, Balthazar, le roi de Babylone, se livre à une orgie avec ses courtisans et boit dans les vases d'or volés jadis au Temple de Jérusalem. Le sacrilège à peine commis, une main mystérieuse trace sur la muraille la fameuse sentence "Mane, Thecel, Phares", soit "compté, pesé, divisé". Ce que le prophète Daniel traduit ainsi au monarque épouvanté : "Les jours de ton règne sont comptés. Tu as été pesé et trouvé trop léger. Ton royaume sera partagé." La nuit-même, Balthazar est tué. Et ses terres sont réparties entre les Mèdes et les Perses.

Ce qui attend les guindailleurs dont le savoir a été jugé trop léger à l'approche de l'examen, ce n'est pas la mort mais la buse que l'esprit tient en main...


Une du Bruxelles Universitaire de décembre 1927.
Ce document provient
du Service Archives, Patrimoine et Collections spéciales de l'ULB.

50 avenue Franklin Roosevelt à 1050 Bruxelles.

Au centre du dessin, un Poil asperge une des jeunes filles avec un siphon à eau de Seltz (une eau gazeuse mise sous pression). A la même époque, les étudiants français s'adonnaient également à ce petit jeu, comme on le voit sur les photos du monôme de 1910 ci-dessous.

Etudiants en blouse et calots, à Paris,
devant la statue de Claude Bernard, 1910.
Jeux avec les siphons.

Etudiants en blouse et calots, à Paris,
à la sortie de l'Orangerie, 1910.
Monôme avec les siphons.